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PONTCHARTRAIN ET SES ZONES HUMIDES : PRISE DE CONSCIENCE NECESSAIRE

L’ACSERB entend faire obstacle à la destruction de notre patrimoine naturel à travers la défense des zones humides de notre territoire. C’est cette même volonté qui anime nos associations de défense de l’environnement et du patrimoine de Jouars-Pontchartrain : AC (Association Chennevières), ADEE (Association de Défense de l'Environnement d'Ergal), et ACSERB (Association Chartripontaine de Sauvegarde de l'Environnement Rural et de la Biodiversité).

Zone humide du fond de Bienval à Pontchartrain
Floraison – Zone humide du fond de Bienval – Photo Emérance Bétis

Des évènements encore lointains, mais qui nous inquiètent.

La déforestation et les méga feux (volontaires en Amazonie, ou involontaires (en Sibérie, Australie, en Californie ou au Canada, etc.), sont parfaitement liés dans nos esprits aux records de température, canicules et autres sécheresses de plus en plus fréquentes et intenses. On voit aussi la marque du dérèglement climatique derrière la violence des crues et des inondations ou celle de la fonte des glaces.


D’autres évènements, à côté de chez nous, qui laissent indifférents ?

Ce que l’on voit moins, car moins spectaculaire et d’une destruction plus insidieuse, c’est la disparition des zones humides qui sont les écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés de notre planète : 87% des zones humides présentes au 18ème siècle ont disparu, dont 50% rien qu'au 20ème siècle. La destruction des milieux humides est 3 fois plus rapide que la déforestation (rapport IPBES 2019*1), l’urbanisation, l’assèchement par drainage ou remblaiements, la démographie galopante en étant les principaux responsables.


Des zones humides indispensables.

Car les zones humides participent à la réduction du réchauffement climatique (stockage du carbone), elles alimentent les nappes souterraines en période de crues et de forte pluie, et limitent au contraire la perte de débit des cours d’eau ou des nappes phréatiques en période de basses eaux. En communication avec les nappes, elles filtrent naturellement les toxiques et les matières en suspension et contribuent ainsi à l’amélioration de la qualité de l’eau. Elles réduisent les risques d’inondation.


Des réservoirs de biodiversité.

Les zones humides sont aussi de vrais réservoirs de biodiversité : 40 % des espèces animales et végétales de la planète vivent dans les zones humides : 100 % des d’amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons, etc.), 50 % des oiseaux et 30 % des plantes remarquables en France, sans oublier un grand nombre de poissons et d’insectes spécifiques à ces zones aquatiques, qui dépendent directement des milieux humides.

Peut-on se satisfaire d’un monde où 70% des oiseaux sont… des poulets ou de la volaille ? Faut-il accepter un monde où 96% de la biomasse de mammifères est composé d’humains (36%) et de bétail (60%), réduisant la part du sauvage à 4% !



L’eau, une chance pour la France, les Yvelines*2 et nos communes, mais...

La France a la chance d’être irriguée par 74 fleuves, 416 rivières et plus de 27000 ruisseaux et rus. Les Yvelines elles-mêmes sont traversées par la Seine, bien sûr, mais aussi 7 rivières et pas moins de 417 ruisseaux et rus. La Mauldre*3 occupe une position centrale dans le territoire des Yvelines. Elle traverse dans son cours supérieur 66 communes, dont, Coignières, Saint-Rémy-l'Honoré, le Tremblay-sur-Mauldre, Jouars-Pontchartrain, Neauphle-le-Vieux, Villiers-Saint-Frédéric et Beynes, pour les plus importantes. Vaste zone marécageuse jusqu’au début du 5ème siècle, le bassin supérieur de la Mauldre, sous l’effet d’une utilisation plus intensive des sols, a vu ses zones humides impactées avec l'artificialisation de certains tracés (canaux, fossés, drainage) et l’assainissement des terres. Aujourd’hui la Mauldre, sujette à des crues rapides, voit en outre son débit légèrement augmenter du fait des volumes de rejet d’eaux usées des stations d’épurations qui augmentent au rythme élevé de l’accroissement de la population.


Inondations en mai 2016 à Saint-Remy les-Chevreuse (photos de la municipalité) et à Beynes (photo le Parisien.fr)

L’exemple de Pontchartrain, reconnu deux fois en état de catastrophe naturelle.

Par deux fois ces dernières années, Pontchartrain a été reconnu en état de catastrophe naturel : en juin 2016, comme 56 autres communes de notre département victimes d’inondations, et plus récemment, en septembre 2021, suite à un violent orage ayant entrainé une coulée de boue. Le côté bien visible (les dégâts matériels) de ces événements nous choque. On remarque avec inquiétude que ces épisodes météorologiques se rapprochent et s’intensifient. Dans un haussement d’épaules lourd d’impuissance, on imagine le lien avec le dérèglement climatique. Sans oser se remettre davantage en cause et en ayant du mal à percevoir l’ampleur d’une biodiversité qui s’efface en douceur (du moins à notre petite échelle temporelle), on accepte l’artificialisation des sols, l’assujettissement de la nature et la destruction de l’habitat du monde animal non domestique.

Photos : Bulletin municipal de Jouars-Pontchartrain - Septembre 2016

Une étude financée par la commune de Jouars-Pontchartrain et le Parc Naturel Régional.

Pourtant, en 2012, pour reprendre l’exemple de Pontchartrain, la commune et le Parc Naturel Régional de Chevreuse (PNR) ont mené et cofinancé des études écologiques concernant le corridor biologique de la trame verte traversant Pontchartrain du château à la Forêt de Sainte-Apolline. Les études ont porté sur les habitats naturels, la flore, les chiroptères, les insectes et « les oiseaux en effectuant des inventaires aux périodes de nidification et d’hivernage ». Avec la rivière de la Mauldre, les rus d’Elancourt et de Maurepas, quatre zones humides dont deux sur le corridor écologique, il était important de dresser un bilan des zones fragiles à protéger avant tout projet immobilier.


Des conclusions sans équivoques.

Parmi les conclusions de cette étude il est expressément fait état « d’un habitat remarquable d’intérêt communautaire qu’il convient impérativement de préserver : les sources pétrifiantes [du fond de Bienval nord, le dernier espace marécageux du bourg, source du ru de Bienval] ». Plus loin, on peut lire : « Dans la partie nord du Fond de Bienval, la présence d’un habitat à très forte patrimonialité (sources pétrifiantes) renforce l’intérêt écologique du vallon […] la présence de cette zone humide remarquable rend ce secteur non constructible ». Et un peu plus loin, il est rappelé : « l’intérêt principal du secteur pour les chiroptères réside dans la continuité forestière que constitue ce petit vallon » ; et encore plus loin : « Deux objectifs majeurs de conservation concernent le vallon du Fond de Bienval :

- la préservation d’un axe de transit des chiroptères par le maintien d’une continuité boisée selon un axe nord-sud.

- la préservation d’une zone humide boisée remarquable d’intérêt communautaire au nord de la RD912 ».

Dans cette étude, des mesures précises sont évoquées (Mesure R10 des secteurs 7 et 8) : « Ce vallon boisé constituant un corridor important de déplacement des chauves-souris, la mise en œuvre d’une « trame noire » s’impose. Aucun éclairage nouveau ne devra être implanté sur cet axe et notamment dans le fond du talweg […]».

Cette étude nomme précisément les parcelles *4:

« Mosaïque de milieux frais à humides constitués d’un ensemble de friches arbustives rudérales (parcelles n°514 à 516 et n°518 à 530), d’une prairie pâturée (parcelles n°533, 1358, 1359), et de boisements frais rudéraux (parcelles n°517, 538, 549, 551 à 556, 1951 et 1952) à franchement humides (parcelles n°502, 1179 et 1672). Pour l’ensemble de ces parcelles, la valeur patrimoniale (avec les enjeux par groupe biologique) est reconnue comme étant « Très Forte ».

Carte de situation, page 6 de l’enquête du PNR, où l’on distingue parfaitement les implantations des parcelles 502 et 549 en plein corridor écologique (étiquette et flèche rouge rajoutée par l’ACSERB).

Mais une étude scandaleusement et totalement ignorée.

Qu’est donc devenue cette parcelle de « boisements frais rudéraux » n°549 expressément citée ci-dessus ? Un parking de covoiturage ! Où bien sûr, l’ancienne municipalité a installé de beaux éclairages très rassurants pour les nombreux noctambules fréquentant le site, mais assez peu pour les chauves-souris. Et quelle est cette parcelle 502 « franchement humide » également citée ci-dessus ? Une partie de la zone humide du bois de Bienval ! Et pourquoi est-elle menacée ? Parce qu’un bien étrange découpage a été effectué, laissant cette parcelle constructible, et l’excluant de la zone naturelle : une aberration totale ! En ces temps de dérèglement climatique, un aveuglement inqualifiable.

Photo ACSERB : La parcelle N° 502 le 11/10/21

Une prise de conscience urgente et nécessaire.

Si les enjeux de la biodiversité sur les zones humides considérées comme remarquables (c.-à-d. classée RAMSAR) sont maintenant appréhendés, les zones humides « ordinaires », et ce sont les plus nombreuses, ne font l’objet d’aucune attention particulière. La mise en œuvre de mesures de protection de ces zones de territoire, quelles qu’en soient leur taille, est vitale; et la zone humide du bois de Bienval est d’autant plus fragile, qu’elle n’est pas bien grande. Une prise de conscience individuelle de tous, y compris des particuliers propriétaires fonciers et de leurs soutiens, est incontournable.

La reconnaissance de l’intérêt de la sauvegarde de ces éléments du territoire et de leur rôle fondamental dans la politique de gestion de l’eau est devenue essentielle. Nous devons, à tous les niveaux, national et régional, mais aussi local et municipal, niveau qui témoigne concrètement de notre volonté d’agir, ou non, nous montrer à la hauteur des enjeux. Céder à l’inaction et à la complaisance installerait les destructions de demain.

Avec JADE, les associations ACSERB, AC, ADEE entendent faire obstacle à la destruction de notre patrimoine naturel.


Sources documentaires :

*1) Rapport de l’IPBES : https://www.ipbes.net/global-assessment#





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